Lula da Silva, ici à Sao Paulo le 1er mai, a annoncé vendredi que l'ONU avait choisi la ville de Belem, en Amazonie, pour accueillir la conférence sur le climat COP30, en 2025

Lula da Silva, ici à Sao Paulo le 1er mai, a annoncé vendredi que l'ONU avait choisi la ville de Belem, en Amazonie, pour accueillir la conférence sur le climat COP30, en 2025

afp.com/NELSON ALMEIDA

Créée en 1821 à Rio de Janeiro, la diplomatie brésilienne bénéficie depuis toujours d’un grand prestige dû à son professionnalisme et une tradition de pragmatisme reconnue. Mais aujourd’hui, la magie n’opère plus. En cause : les déclarations du président Lula, revenu aux affaires il y a moins de six mois. En campagne électorale, déjà, en mai 2022, le héros de la gauche latino-américaine (et française) avait qualifié Volodymyr Zelensky de "mec" qui voulait se rendre intéressant. Au même moment, Marioupol s’effondrait sous les bombes russes.

Publicité

Lors du récent G7 au Japon, dont le président ukrainien fut l’invité-surprise, Lula s’est encore distingué : il est le seul chef d’Etat à ne pas s’être levé pour saluer son homologue. Peu auparavant, en avril, il avait déclaré en Chine que les Etats-Unis devaient "cesser d’encourager la guerre" en livrant des armes à Kiev. Dans la foulée, Lula avait reçu avec les honneurs le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov à Brasilia. Réaction de la Maison-Blanche : "Le Brésil se fait l’écho de la propagande russe et chinoise." Ainsi se sont évanouies les ambitions du Brésil, qui espérait jouer un rôle de médiateur dans la résolution du conflit déclenché par Poutine.

LIRE AUSSI : Brésil : attention, un Lula peut en cacher un autre

La semaine dernière à Brasilia, rebelote ! Lors de la réactivation de l’Union des nations sud-américaines (Unasur, créée en 2008, moribonde depuis 2014), le Brésilien a réhabilité le président vénézuélien Nicolás Maduro, dont la seule différence avec un dictateur de droite est qu’il est de gauche. Puis il s’est publiquement réjoui de ce retour en grâce "historique". Surtout, il a qualifié de "narratif" les accusations d’autoritarisme à l’encontre de Maduro – lequel est responsable de l’exode de 7 millions de Vénézuéliens.

La guerre en Ukraine, la fin de l’accès au pétrole russe et l’abondance de pétrole lourd vénézuélien commandent sans doute un certain pragmatisme. C’est d’ailleurs l’attitude des Washington, Bruxelles et Paris, qui renouent timidement avec Caracas. Mais une chose est l’art de la realpolitik ; une autre est de se transformer en "dir'com" d’un chef d’Etat qui a fait tirer sur des milliers d’étudiants, en a tué des centaines, et embastillé autant d’opposants. Le président uruguayen Luis Alberto Lacalle Pou (centre droit) se dit "surpris que ce qui se passe au Venezuela soit assimilé à un "narratif'". Son homologue chilien Gabriel Boric (gauche), lui, rappelle que "les violations des droits de l’homme au Venezuela sont une réalité". Bref, Lula n'est plus Lula.

Publicité